Éditorial

Pour construire le monde d’après, mettons notre imaginaire en action 

L’année 2020 a été marquée par une crise sans précédent, bouleversant l’ensemble de nos repères. Fin mars 2020, en pleine crise sanitaire, nous avons fait le choix d’alerter le grand public en publiant une tribune dans le Monde et de fédérer notre communauté par la publication d’une série d’articles scientifiques dans la revue l’Encéphale, assortis de recommandations pratiques publiées sur le site de l’Encéphale online.

Aujourd’hui cette crise n’est pas terminée, loin s’en faut. A l’heure où nous écrivons ces lignes, nous ne pouvons qu’anticiper ses conséquences économiques, sociales et psychiques à long terme, quand certains épidémiologistes prédisent la possibilité d’une seconde vague pandémique.

Mais la résilience dont fait preuve la société, à commencer par le courage de nos patients au quotidien, nous incite à l’optimisme. Peut-être nous psychiatres, avons-nous la responsabilité de cet optimisme. Si dire c’est faire, pour paraphraser John Langshaw Austin, le philosophe du discours performatif, alors il nous faut dire et faire : pour construire le monde d’après, mettons notre imaginaire en action ! L’enjeu est de penser notre destinée commune, d’en tracer les lignes d’horizon. Non pour un travail de simple prospective, mais parce que c’est en puisant dans les ressorts de l’imaginaire et en le mettant en œuvre et en acte que nous saurons construire.

Pour ce faire, l’édition 2021 du Congrès de l’Encéphale cultivera notre tradition, celle de la clinique : au cœur de la psychiatrie ou à ses confins, y compris dans ces échanges avec la neurologie (autour des démences, des migraines ou des troubles neuro-fonctionnels) et les neurosciences, en interrogeant nos nouvelles pratiques, dont celles des téléconsultations, et en assumant notre diversité, des pharmacothérapies aux psychothérapies. 

La culture aura cette année encore une place centrale : notre Grand entretien de l’Encéphale, inauguré en 2020 avec Emmanuel Carrère, se poursuivra en 2021 avec Guillaume Gallienne, aux côtés des conférences de Mathieu Ganio, danseur étoile de l’Opéra de Paris et de Dominique de Villepin. L’allocution de clôture de ce Congrès 2021 sera donnée par Madame Hélène Carrère d’Encausse, Secrétaire perpétuel de l’Académie française, sur un thème passionnant : Folie et Russie.

L’imaginaire est ce qui tend à devenir réel disait André Breton, et de fait les chemins du réel empruntent ceux de l’imaginaire. Clinique et culture, voilà nos chemins. Il n’est probablement pas de bon psychiatre qui ne soit lecteur. Sachons cultiver ce goût, imaginer notre futur et le mettre en action lors de ce grand rendez-vous annuel de la psychiatrie francophone.

Philippe Fossati, Raphaël Gaillard, David Gourion, Marc Masson