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Centre Jean Bodin

Séparés par des virgules

Appel à candidature - Urgence climatique et mobilisations politiquesThèse en cours de financement par l'UA

Sous la direction de F. Hourmant

Description du sujet de thèse

Au cours de ces derniers mois, un certain nombre de militants écologistes ont multiplié les actions spectaculaires en formes de performances contre les bâtiments (opposants à la mégabassine de Sainte Soline, blocage des autoroutes) ou les musées (entartage de la Joconde, jet de soupe sur les « Tournesols » de Van Gogh à la National Gallery, les « Meules » de Monet ou « La Jeune fille à la perle » de Vermeer, encollages corporels sur les tableaux…) afin de lutter contre l’apathie des gouvernants. Ces actions (happenings muséaux) menées par des collectifs (comme Just stop oil, Letze Generation) ont aussi oeuvré à la médiatisation de la cause (notamment sur les réseaux sociaux) en jouant sur le ressort de la scandalisation. Parallèlement à ce répertoire d’action, d’autres formes de mobilisations se sont cristallisées, empruntant le canal de la désobéissance civile à l’image de du collectif militant américain Scientist Rebellion.
La notion d’urgence climatique, élue expression (ou mot) de l’année en 2019 par l’Oxford English Dictionnary, s’est imposée de façon récente et massive dans l’espace social. Cette consécration académique souligne la visibilité acquise par ce syntagme qui se serait d’abord diffusé de façon plus souterraine, notamment au sein des organisations militantes écologiques et des associations avant de se disséminer dans les champs politiques et médiatiques. Descriptive, la notion n’est pas non plus exempte d’une dimension revendicative et performative. Polysémique, elle suppose un incontournable travail de définition pour cerner de façon plus précise les enjeux qui la sous-tendent (notamment en termes de rassemblement et de mobilisation).
Mais le détour linguistique ne saurait épuiser les enjeux socio-politiques associés à cette notion. Si elle contribue bien à construire le phénomène (et son urgence) par une entreprise de labellisation et l’imposition de représentations (on peut en effet formuler l’hypothèse que l’expression n’est pas sans effet sur le champ politique et social), elle convoque et suscite également toute une mosaïque d’actions collectives, plus ou moins médiatisées, ainsi qu’une pluralité d’acteurs.
Ainsi appréhendé, le sujet se prêt à une diversité de lectures et d’approches qu’il conviendrait de croiser et plus particulièrement le versant communicationnel/médiatique d’une part et le versant organisationnel/militant d’autre part.
Si l’écologie politique est caractérisée depuis ses débuts par des coups d’éclats médiatiques (fauchages de champs OGM, désobéissance civile), l’urgence climatique ne constitue-t ’elle pas le ressort d’une radicalité renouvelée ? Face aux actions plus consensuelles et aux déceptions liées à l’échec des mobilisations, la tentation est grande en effet de se lancer dans des actions illégales pour alerter sur la situation dramatique dans laquelle on se trouve.
En termes de communication politique, et afin de cerner les contenus mais également les conditions de production et de réception des actions collectives et des mobilisations, un certain nombre de questions se posent : quels discours, quels contenus, quels argumentaires, quelle rhétorique ? quelles stratégies médiatiques ? quelles scénographies ? quels ressorts émotionnels ? quelles réceptions ? quels risques pour quels profits ? On le sait, la radicalité – relative – des formes contemporaines de mobilisations a pu susciter des formes de « paniques morales » dans le public (cad des réactions hostiles démesurées auxquelles succède une réaction policière et judiciaire disproportionnée, voir Stanley Cohen, Folk Devils and Moral Panic, Paladin, 1973). La tentation du pouvoir politique est aussi de stigmatiser ces actions radicales par un travail de labellisation à l’image du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin évoquant un « écoterrorisme ».
En termes de sociologie des mobilisations collectives de nombreuses questions se posent également : quels répertoires d’action (médiatisation / désobéissance civile) ? quelles trajectoires militantes ? quelles représentations les militants se font-ils de leur engagement ? par quels moyens les groupes activistes réussissent à mobiliser leurs membres (logiques de recrutement et de fidélisation) ?


Objectifs

Les objectifs scientifiques de ce projet de thèse sont multiples. Ils visent dans un premier temps à établir une cartographie de ces actions et de ces mouvements contestataires et construire une typologie de ces mobilisations en articulant le contenu des discours et les répertoires d’action mobilisés. Dans cette perspective, le but est d’analyser non seulement les conditions de production mais aussi de de réception de ces mobilisations collectives. Il s’agira ainsi d’évaluer l’impact des registres dans les opinions publiques (registre de la scandalisation, dispositifs de sensibilisation, poids des émotions etc…). Enfin, sur le versant de la sociologie des mobilisations, il s’agira de questionner les dynamiques d’engagement des militants écologiques (mobiles, socialisation, politisation…).

Planning prévisionnel de la thèse

Année 1 : Construction du sujet (délimitation historique et scientifique du projet, faisabilité, périmètre national/international, sources, travail bibliographique, problématisation) ; lecture de la littérature académique ; recherches exploratoires (collecte et analyse des données) ; élaboration d’une ébauche de plan.
Année 2 : Approfondissement du travail d’enquête / début de la rédaction
Année 3 Rédaction et finalisation de la thèse.

 

Compétences recherchées par le porteur du projet

Le candidat, idéalement détenteur d’un master de science politique, devra maitriser la littérature académique sur la question du militantisme politique, de la communication politique et l’analyse du discours. La maîtrise de l’anglais constitue un atout supplémentaire.

Le cas échéant:

Le travail du doctorant s’inscrit dans les axes de recherches du Centre Jean Bodin, de la SFR Confluences et de la MSH Ange Guépin mais aussi de l’Université d’Angers (projet EU Green)


La thèse s’inscrit dans l’axe 1 du Laboratoire et plus largement dans le projet de chaire Earth Environnement, adaptability, risks, transitions, health) initié par le laboratoire fin 2022. La question environnementale constitue en effet une thématique émergente mais fortement structurante du présent contrat quinquennal. Résolument transversale au sein du CJB, cette chaire a vocation à agréger dans une dynamique collaborative et interdisciplinaire non seulement les membres du CJB mais aussi d’autres laboratoire de l’UA et à l’extérieur du périmètre de l’Université, tant en SHS qu’en sciences dures.
Par ses six grands thèmes structurants (Epistémologie, « One Health », entreprise responsable, bouclier environnemental, risques, gouvernance climatique), cette chaire est en phase avec dans les différents axes de la Sfr Confluences et en particulier l’axe 3 Culture du végétal et environnement et l’axe 6 Santé et Société. Par leurs objets comme par leur interdisciplinarité, ces deux axes font échos aux problématiques majeures qui structurent le projet de chaire.
Elle a aussi vocation à participer activement au projet EU GREE (European Universities alliance for Sustainable Growth Inclusive Education and Environment) co-porté par l’Université d’Angers. Ce projet européen qui agrège neuf universités de taille moyenne entend en effet promouvoir la question du développement durable en assurant la diffusion des valeurs européennes communes et en favorisant la coopération entre des établissements d’enseignement supérieur. La chaire Earth, et le doctorant qui y serait associé, s’inscriront dans ce périmètre et cette dynamique, en particulier pour ce qui concerne la recherche (et éventuellement l’innovation). A travers ce sujet sur « L’urgence climatique et les mobilisations politiques », il s’agit bien d’appréhender et d’évaluer les ressorts et les logiques des mobilisations collectives sur ces questions climatiques mais également d’en cerner les résistances afin de pouvoir, éventuellement, proposer des solutions.
Participation du doctorant à un projet de recherche – Le doctorant intègrera l’équipe du projet de recherche : Chaire Earth (Earth Project)

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L’inscription administrative du doctorant se fera au sein de l’établissement auquel est rattachée l’unité de recherche.

Proposer sa candidature

Pour proposer votre candidature, vous devez vous rendre sur le site Thèse en Bretagne Loire

Procédure de sélection

La sélection se déroulera en deux temps : une sélection sur dossier puis une audition.

  • La sélection sur dossier sera opérée sur la base des candidatures adressées au plus tard le 19 juin 2023.
  • L’entretien des candidats préalablement sélectionnés sur la base de leur dossier aura lieu devant un jury composé de 4 à 5 personnes. Il se déroulera au début du mois de juillet 2023.

Les candidats sont invités à déposer leur candidature sur le site internet : https://theses.u-bretagneloire.fr

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