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Centre Jean Bodin

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BP-PIB - BeautyPolis : Programme sur l'invisibilité de la beautéProgramme amorçage de la MSH Ange Guépin

Présentation

Par son objet – questionner la prime à la beauté dans la vie politique contemporaine – comme par sa démarche – fondée sur le recueil de données expérientielles via le UserLab (P2AC), ce projet de recherche BeautyPolis entend analyser et mesurer de façon novatrice les déterminants « sensibles » (sensoriels et émotionnels) qui fondent, pour partie, le processus décisionnel en matière de préférence électorale. À rebours des lectures conventionnelles postulant un acteur rationnel, ce projet entend participer à ce renouveau des études électorales porté par le « tournant émotionnel » qui s’est opéré ces dernières années au sein des SHS et notamment de la Science politique.

Considérant la dimension émotionnelle de la vie politique (et répudiant l’idée selon laquelle l’électeur serait un acteur rationnel dont les choix seraient guidés par une évaluation « objective » de l’offre électorale), ce projet de recherche entend analyser et mesurer l’importance de l’image des candidats (et ici de façon plus spécifique leur apparence physique évaluée en termes de beauté / laideur) dans la compétition électorale. Rompant avec les approches sociologiques en vigueur au sein de la science politique hexagonale, ce projet entend prendre en compte les dynamismes psycho-affectifs qui conditionnent la vie politique et plus particulièrement le choix des électeurs dans un contexte marqué par l’emprise croissante des émotions (et leur exacerbation sur fond de montée des populismes et des contestations socio-politiques). À la différence des approches quantitatives (sondages et enquêtes d’opinion) ou qualitatives (entretiens directifs / semi-directifs, observations de terrain, analyse des représentations politiques/médiatiques et de leurs réceptions), BeautyPolis entend adopter une démarche scientifique fondée sur l’expérimentation afin d’évaluer et de mesurer l’existence d’une « prime à la beauté » dans la compétition politique.

Dans cette perspective, les outils sensoriels proposés par le User Lab (P2AC) de la Sfr Confluences seront mobilisés afin de valider (ou invalider) ce lien postulé entre capital politique et capital esthétique. Mais, au-delà de cette hypothèse de travail, l’appréhension et l’évaluation de cette « plus-value esthétique » supposera un affinement du regard afin d’appréhender le poids des différentes variables (culturelles, générationnelles, « racisées », de genre, de classe, de diplômes…) susceptibles d’affecter les perceptions des électeurs et donc - possiblement – leurs choix.

La démarche envisagée entend croiser à la fois une analyse transversale (étude à un moment précis, lors d'un débat par exemple, des liens entre l'apparence physique des candidats et le succès) mais aussi une analyse longitudinale (étude tout au long d'une campagne par exemple ou alors sur plusieurs jours, avec 2 ou 3 mesures à des temps différents). L'étude longitudinale permettrait de voir l'évolution des réponses sur un même candidat mais dont la beauté perçue a pu évoluer dans le temps (ex. : entre le 1er mandat et le 2nd mandat, les perceptions du physique du président Macron sont-elles restées les mêmes ou pas ?).

Objectifs

Ce projet entend donc prolonger et compléter (via une démarche expérientielle) les travaux initiés sur la question du corps en politique et plus particulièrement sur le poids de la beauté et de l’apparence dans la détermination des préférences électorales en privilégiant une approche « sensible » qui entend prendre en compte les enjeux émotionnels (et décisionnels) liés à l’image (physique) des candidat.e.s.
L’existence du UserLab (P2AC) constitue à cet égard un atout incomparable pour formaliser de façon inédite ce projet expérimental en croisant trois types d’approches (physiologique, cognitive et comportementale). La mobilisation d’outils (eye tracker fixe et eye tracker mobile, tracking des expressions faciales, mesures électrophysiologiques – électromyogrammes, électroencéphalogrammes, conductance cutanée, respiration) permettra d’explorer un champ largement négligé (en France tout au moins) de l’analyse politique et électorale.

L'équipe scientifique

Sandra CAMUS, Professeur  en Sciences de gestion à l'université d'Angers, rattachée au GRANEM

François HOURMANT, Professeur de Science Politique à l’université d'Angers, rattaché au Centre Jean Bodin

Pierre-Henry LEVEAU, Maître de conférences en Sciences de gestion à l’université d'Angers, rattaché au GRANEM

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